A la découverte du pays du sourire
QU’Y A-T-IL DE PLUS ENIVRANT QUE DE SAVOIR SUR TU PEUX BOOKER demain un billet d’avion pour la destination de ton choix ? Que tu n’as besoin de personne pour découvrir le monde ? Que tout t’est possible avec un minimum d’organisation ? Que rien n’est figé mais, au contraire, tout est en mouvement permanent ? Que demain tu pourrais être muté à l’autre bout de la Terre ? Que tout à l’heure tu pourrais croiser une personne et que cette rencontre pourrait bien changer ta vie et ton regard sur le monde ?
Tout est possible quand on s’en donne les moyens !
Comme à l’accoutumée, une boule d’envie, une idée et de la persévérance et, comme l’opportunité crée l’occasion, une semaine plus tard, mon billet d’avion pour la Thaïlande est réservé !
Une femme seule qui voyage… oui et ensuite… rien d’extraordinaire a priori, j’en connais plein ! Cependant, au vu des nombreux messages que j’ai reçus pendant mon séjour, il m’a été rapporté que beaucoup n’osaient pas franchir le cap. A ce moment, j’ai réalisé que ça faisait peur à pas mal de monde – même aux hommes ! Beaucoup voudraient vivre cette expérience, mais ne s’en sentent pas capables. Je remercie au passage ces personnes qui m’ont contactées et témoignées leur ressenti.
« Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse »
N. MENDELA
« Chaque instant que tu perds à être malheureux ne te sera jamais rendu »
Pas question de dénigrer les voyages en famille, en couple ou même entre amis. Mais je voudrais quand même souligner que voyager seule est une expérience unique de retour sur soi en partageant quelques ressentis. Et peut-être donner un brin de courage aux hésitants.
Retour sur quinze jours…
Quand j’arrive en Thaïlande, partagée entre l’euphorie, la fatigue et l’impatience de découvrir la suite de mon aventure, je crains malgré tout de ne pas m’y retrouver pour atteindre ma prochaine destination. Il faut bien l’avouer, si je n’ai pas trop de difficultés avec une carte, je maîtrise nettement moins les horaires de métro et encore moins ceux des bus. Plus facile de prendre un taxi à tous les coins de rue, néanmoins, ce n’est pas le but !
Finalement, on s’en sort ! Il suffit de savoir demander – et comprendre un minimum la réponse.
Le voyage en solitaire c’est ça ; réserver en dernière minute, sortir des sentiers battus, avoir le plaisir de s’en sortir seul, être happé par un imprévu, croiser des gens qui vous enrichissent de leurs expériences, se tromper, marcher avec son sac et suer sous la canicule, décider de son prochain stop, modifier son itinéraire, être complètement libre de décider de tout, etc.
La première semaine de mon voyage rentre parfaitement dans ce créneau-là. La rencontre en particulier d’un voyageur canadien, des soirées à s’échanger nos vécus, et constater qu’il n’existe pas qu’une façon de vivre, m’ont remplis de beaucoup de sérénité. Le plus souvent dans les auberges, tu croises des gens avec la même ouverture d’esprit que toi, des passionnés de baroudage, des personnes sociables pour la plupart, passionnées par la découverte du monde. J’adore voyager pour ces rencontres qui font ouvrir grand les yeux.
Encore une fois, si les passions sont propres à chacun ; pour certains, comme pour moi, le voyage revêt un goût particulier.

A ce stade, je ne m’attendais pas à ce que la deuxième semaine se déroule autrement.
Sauf que je me retrouve à Koh Kood et, sur cette île, il n’y a pas d’auberges. Ça c’est tout moi ! Je ne m’étais absolument pas renseignée. Il est vrai qu’en général, je me tracasse peu pour mon logement. L’expérience m’a montré qu’il est toujours possible d’en trouver un en dernière minute. Et l’avantage de ne pas réserver trop vite est que tu peux facilement changer de destination au gré des rencontres imprévues et des découvertes…
A la veille de mon départ vers Koh Kood, la seule chose que je sais sur cette île est qu’elle est paradisiaque et moins touristique qu’ailleurs. Étant à la recherche de quiétude, je me fiche bien du reste. Résultat : je me retrouve à devoir booker dans des hôtels et là, force est de constater que l’expérience diffère de celle en auberge. À l’hôtel, on trouve principalement des gens qui voyagent en famille ou en couple ou entre amis et qui sont en général peu intéressés de rencontrer une voyageuse en solitaire. Plus que ça, je crois que cette situation interpelle la plupart.
Conséquences, je m’adapte et je profite de ces instants. Dans la vie de tous les jours, des moments pareils, sans devoir gérer le quotidien, sont rares. En réalité, quand j’y réfléchis, si ce n’est pas la première fois que je pars seule, c’est la première fois que je me retrouve sans interaction avec quelqu’un pendant si longtemps. Et j’ai adoré cette expérience. Réellement, j’encourage tous ceux qui hésitent à passer le cap. Si la solitude peut faire peur à bien des égards, elle constitue une belle occasion de trouver la sérénité et le calme intérieur.
Deux semaines c’est court, et pourtant il m’a semblé être là depuis un mois tant le dépaysement est total à tout point de vue. Quelques souvenirs tous azimut :
J’ai vu des gens vivre avec le minimum et garder le sourire malgré tout. J’ai vu des personnes tendre la main. J’ai vu une Mamy thaïe que j’avais envie de serrer dans mes bras – j’ignore pourquoi. J’ai vu des animaux affamés. J’ai vu des thaïs cuisiner sur le trottoir. J’ai vu la vraie gentillesse de ceux qui ne possèdent pas grand-chose. J’ai vu la mer à perte de vue. J’ai vu un gamin élevé au milieu des éléphants. J’ai marché au milieu de Bangkok et mangé dans la Khaosan Road. J’ai partagé quelques heures de vie avec une allemande et deux français. J’ai pris un vieux train de nuit vers Chiang Mai. Je me suis réveillée en pleine nuit et j’ai vu défiler la jungle. Je me suis fait masser au milieu d’anciennes prisonnières thaïlandaises dans un centre de réinsertion. J’ai constaté qu’on pouvait vivre de façon précaire et être heureux. J’ai vécu l’expérience du Sak Yant avec Ajarn Dang. J’ai appris que le vol ne faisait pas partie de la culture thaïe. J’ai vu plus de sourires que de visages fermés. J’ai appris à manger épicé avec un grand verre d’eau et des crêpes salées. J’ai appris à manger sans couteau, juste avec une fourchette et une cuillère. J’ai mangé plus de boules de riz en deux semaines qu’en une année. J’ai savouré les variantes de sauces curry / coco. J’ai connu l’effet des plats trop épicés au point de te faire pleurer. J’ai reçu des compliments purement gratuits de la part des locaux. J’ai pris le soleil sur une plage déserte. J’ai rencontré, nourri et lavé l’animal majestueux qui a bercé mon enfance. J’ai contemplé les paysages, la végétation luxuriante, le calme des îles de Koh Mak et Koh Kood et des temples bouddhistes. J’ai découvert des gens très croyants. Je me suis réveillée avec le bruit des vagues. J’ai eu le bonheur de dormir dans un hamac à la belle étoile sur ma terrasse. J’ai profité d’un bain à remous dans une suite face à la mer. J’ai supporté les douches d’eau froide. J’ai bu des noix de coco au milieu de la ville de Bangkok. Je me suis cramponnée dans les Tuk Tuk à travers la circulation en folie. J’ai flâné dans le Night Bazar de Chiang Mai… J’ai découvert l’île de Koh Kood en scooter. J’ai nagé au milieu des oursins noirs… J’ai passé des soirées à écouter le bruit des vagues. Et tant d’autres choses encore…










Pour toutes ces découvertes merveilleuses et inattendues, je ne peux que vous encourager à réserver votre billet d’avion pour la destination de votre choix. Chacun est capable de s’en sortir partout. Il suffit de se faire confiance! La vie est une suite d’options, il nous suffit d’en choisir une.
Et pour un premier voyage en solitaire, le pays du sourire est tout indiqué.
Enjoy !
« Trop souvent, j’ai remis les choses à plus tard et un jour, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de plus tard »
Un baroudeur canadien.
« Je ne vois qu’un moyen de savoir jusqu’où on peut aller. C’est de se mettre en route et de marcher. »
H. BERGSON
Hélène, le 10 mars 2018